RPS MAD

Flynn avait l'air de comprendre que ce n'était pas facile de le retrouver surtout quand on ne connait pas sa tête mais clairement ça lui était égal, donc ce gars s'en fichait de ce que Jeremiah lui expliquait, au moins il était honnête avec lui, un peu trop même mais bon. Non pas que ça l'intéressait mais il aimait bien comprendre avec qui il allait travailler, surtout que Flynn était l'assistant de Scar, donc ils allaient probablement se voir à plusieurs reprises, certes ce n'était que professionnel mais tout de même, l'amabilité c'est important, même dans le travail. Le jeune homme lui serra quand même la main pour ne pas le laisser ainsi comme un idiot. "Okey je retiendrais pour la prochaine fois." Répondit tout simplement le blondinet.

Jeremiah ne pouvait s'empêcher de s'excuser et d'expliquer pourquoi il avait été en retard, c'était de la simple politesse mais encore une fois il n'aurai pas du au vu de la réaction de son interlocuteur. Cependant il lui donna un précieux conseil par rapport à son patron, en clair ne pas donner d'excuses et surtout ne pas arriver en retard. Le jeune maitre nageur acquiesça de la tête, il allait retenir ça mais le fait est que Scar lui paraissait pas très commode tout d'un coup alors qu'il l'avait vu différent lorsqu'il l'avait abordé dans le centre commercial. Est ce que Flynn avait peur de son propre patron ? Pour le mettre en garde ainsi, enfin ce n'était surement pas ça mais Jeremiah se posait désormais des questions sur le fameux Scar. Il lui avait ensuite demandé si il connaissait ce dernier depuis longtemps, il avait besoin d'en savoir un peu plus dans quoi il s'embarquait. Flynn lui répondit de façon négative, il ne savait pas grand chose de son patron en réalité. "Hm d'accord, je vois. Non comme ça, j'aime bien savoir avec qui je vais travailler ou pour qui dans le cas de Scar." Il était clair que Jeremiah était un tantinet curieux mais c'était important pour lui de savoir où il allait, surtout qu'actuellement il ne savait que très peu de choses.

Johnny pouvait comprendre dans un sens qu'on ne veuille pas que les gens viennent nous parler, alors qu'il était le premier à se montrer sociable, cependant parfois, on avait des mauvaises surprises, comme ce gars qui était venu lui parler à la soirée l'autre jour et qui l'avait pratiquement mis au pied du mur au point de lui faire quitter la soirée avant de faire une connerie qu'il pourrait amèrement regretter. Il y avait bien trop de choses en jeu pour qu'il puisse laisser quoique ce soit transparaitre, tant de sa haine des autres, ou de ses doutes et son trouble. Pourtant, il avait invité ce jeune homme chez lui, un assistant qu'il connaissait à peine et qui serait tranquillement retourné chez lui si Johnny ne lui avait pas forcé la main pour qu'il le suive. Alors concrètement, il se demandait ce qu'il foutait, et en même temps, il ne savait pas pourquoi, il trouvait que cette situation avait un côté apaisant. Peut-être parce qu'il pouvait interagir avec quelqu'un sans le regard des autres et sans lui mettre un coup de boulet ?

- Tu n'as pas vraiment l'air de vivre dans la rue, en tout cas, tu n'en as pas l'odeur, et même si c'était vrai alors au moins les autres personnes dans ton cas viendraient te parler. De plus, tu es l'assistant de quelqu'un plutôt célèbre avec une position influente, toutes ces personnes savent que tu ne vis pas dans la rue, donc je ne pense vraiment pas que le souci se pose là.

Non, d'après lui, c'était plutôt que Flynn se rendait invisible tellement il était discret. Une sorte de super-pouvoir en soi. Il l'avait déjà croisé à plusieurs reprises et pourtant, ils ne s'étaient jamais parlé avant ce soir, à un moment, il était juste à côté de lui et l'instant d'après, il était disparu, parti faire autre chose, sans lui laisser l'occasion de lui parler pour être honnête. Il n'en avait évidemment pas fait grand cas, mais maintenant qu'il y réfléchissait, il ne pouvait décidément pas dire que c'était à cause de sa tenue ou du fait qu'il ne prenne pas soin de lui que les gens ne venaient pas vers lui. Il avait posé cette question, il ne savait pas vraiment pourquoi ni ce qu'il espérait comme réponse, mais il ne s'attendait certainement pas à ce que Flynn se tourne soudainement vers lui et ancre son regard dans le sien. Il ne saurait pas dire exactement ce qu'il se passait, mais il avait l'impression qu'un trouble s'intensifiait en lui, que son cœur était dans une position des plus fragile et qu'il n'avait qu'une envie : serrer Flynn entre ses bras. Mais ce n'était pas possible. Heureusement, cela ne dura qu'un court instant et il put se remettre à respirer. Il se pinça les lèvres en essayant de garder son calme.

- Hé bien...

Hé bien quoi ? Rien ne venait, son esprit était totalement vide et n'arrivait à penser à rien d'autre que ces adorables petits yeux qui venait de croiser les siens, heureusement qu'il n'avait pas descendu son regard sinon il l'aurait vu se mordiller la lèvre en plus de ça.

- Tu devrais au moins essayer.

Ne le jugez pas, il savait que c'était nul comme réponse, mais il ne voyait vraiment pas quoi dire d'autre, il voulait vraiment que Flynn prenne soin de lui après tout, mais il ne se voyait pas le faire à sa place, même si techniquement, c'était déjà ce qu'il faisait.

- On a tous un passé, donc tu n'es plus un chaton ou tu n'es plus abandonné ?

Le taquina-t-il pour essayer de détendre un peu l'atmosphère, ayant pour sa part beaucoup trop conscience de ce qu'il se passait dans cette pièce et qu'il se concentrait surtout pour ne pas dériver de son but premier, ce qui n'était pas chose facile. Il termina donc d'appliquer la crème et retira lentement ses mains.

- Partons là-dessus alors, qu'est-ce que tu voudrais manger, petit Chat ?

- Jaloux, moi ? Reprit-il faussement étonné, le ton ampli d'ironie, il était presque amusé de constater que Linus avait raison.

Voir les rôles, la tendance s'inverser ici, avait quelque chose de plutôt cocasse. Jamais, ô grand jamais, il n'aurait imaginé un jour, pouvoir ressentir de la jalousie envers qui que ce soit - bien moins encore une forme de convoitise envers celui qui jadis avait toujours été son rival.

- C'est fort probable oui, mais dans ce cas, le blocage semble profondément ancré. J'ai parfois l'impression que cela altère aussi ma notion du temps... Comment dire, ça doit faire quoi ? Quatre ans qu'on est là ? Pourtant, pour moi, c'est presque comme si j'étais là depuis quelques jours à peine. Une semaine ou deux tout au plus... Se confia-t-il avec une étrange facilité.

Cela faisait un moment que Maëlan ruminait tout cela sans parvenir pour autant à l'extérioriser, c'était probablement le moment rêvé - bien que régi par son inconscient - pour que cela daigne enfin sortir ? Linus n'était probablement pas le confident auquel il se serait attendu, mais le retrouver ici, était presque comme retrouver une partie de son monde. De lui-même finalement ? Alors, au fond, qui mieux que lui pouvait - peut-être - le comprendre ?

- Hydrothérapeute canin. Reprit-il.
- Ça tient.

Continuant de marcher aux côtés de Linus et de Lupa, qui semblait n'avoir besoin ni de son maître, ni de Maëlan pour profiter pleinement de ce moment en plein air, Maëlan se faisait songeur tout à coup. À dire vrai, il l'était très souvent depuis son arrivée ici. Il se posait toujours mille et une question et bien que les réponses ne venaient quasiment jamais à lui comme une évidence, il ne pouvait s'empêcher de se les poser encore et encore. Puis, après un temps de silence qui lui paru indéfiniment long, il finit enfin par lui demander :

- Est-ce que tu les aurais vus ici... Dagnìs, Lùna... Elinaë ?

Plus tôt, Linus lui avait balancé quelque chose du genre : "(...) je te souhaite vraiment que ta petite chérie soit quelque part ici, et non coincée avec notre Alpha !" Ce qui laissait donc aisément supposé que non, il ne l'avait pas vu par ici. Mais avec un peu de chance, il se pourrait que Linus ait dit cela uniquement pour le blesser parce qu'ils avaient, tout naturellement, commencé par se chamailler avant de parvenir à entamer une réelle discussion.

Eh puis, pensa-t-il, ses propos ne semblaient concerner qu'Eli - sa petite chérie - alors, qu'en était-il de Dagnìs et de Lùna ?

Bruni avait encore du mal à s'adapter à ce monde malgré les quelques années écoulées, mais qu'est-ce quelques années face à l'éternité ? Il était "né" en même temps que le monde, ou en tout cas la magie de ce monde, il ne savait même pas ce qu'il serait advenu de lui si la terre était venue à disparaitre, car il était un esprit, pas vraiment tangible mais pas tout à fais irréel non plus. Il n'avait jamais eu l'occasion d'y songer lorsqu'il était un esprit car il n'avait pas de conscience et donc, il ne savait même pas qu'il en était un. C'était la grande différence entre lui et Elsa qui a toujours été humaine et qui avait tant à lui apprendre. Les humains avaient vraiment un mode de fonctionnement étrange qu'il n'était pas sûr du tout de comprendre ni d'apprécier.

Mais surtout, ils avaient des sentiments, et Bruni en était encore au point où il ne savait pas les gérer. Ce n'était pas si évident, même s'il avait vécu longtemps, en ce qui concerne les sentiments, c'était comme s'il était né il y a 5 ans. Heureusement qu'il avait su parler et lire rapidement, personne n'avait l'air de soupçonner ce qu'il avait été dans sa vie d'avant, on le considérait sans doute seulement comme un mec un peu bizarre. ça lui convenait, il n'était pas sûr de vouloir qu'on sache qu'il était un esprit du feu sous forme d'une salamandre et qu'il protégeait une forêt enchantée. On le prendrait certainement pour un fou, en fait. Il ne savait pas ce qui était le plus difficile dans ce monde, le fait de ne plus avoir de pouvoir, le fait de se mettre à réfléchir à tout même les choses sans importance ? Son regard avait été attiré par les oiseaux, il n'était pas le vent et pourtant, il se demandait comment était la vie en pouvant voler et observer les gens d'en haut. Si bien qu'il n'avait pas vu qu'il était en train de foncer dans quelqu'un, jusqu'à ce qu'il rencontre un mur. Il faillit même en tomber sur les fesses.

- Excusez-moi Monsi-IIIIK !?

En relevant son regard sur l'homme qu'il venait de percuter, il faillit tomber une deuxième fois, mais il en sursauta juste. L'homme lui semblait immense comparé à lui, il pourrait le briser comme une simple petite allumette, et Bruni ne pouvait plus faire de flammes pour se défendre. De plus, son aura lui criait de se faire tout petit, il était tellement menaçant et effrayant. Son instinct lui criait de faire le mort. C'est comme ça qu'il s'écroula la seconde d'après sous les yeux d'un loup qui n'avait rien demandé à personne.